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Monday, November 12, 2012

Harry


Chapitre 6

Rendez-vous sur la voie 9 ¾

Le dernier mois que Harry passa chez les Dursley n'eut rien de très amusant. Dudley avait à
présent si peur de lui qu'il ne voulait jamais se trouver dans la même pièce. Quant à l'oncle
Vernon et à la tante Pétunia, ils avaient tout simplement décidé de ne plus lui adresser la
parole. Ils ne l'enfermaient plus dans son placard, ne le forçaient plus à faire quoi que ce soit,
ne le réprimandaient même plus. D'une certaine manière, c'était mieux qu'avant, mais un peu
déprimant malgré tout.

Harry restait donc dans sa chambre en compagnie de sa chouette qu'il avait baptisée
Hedwige, un nom trouvé dans son Histoire de la magie. Il passait ses journées à lire ses
manuels scolaires tandis qu'Hedwige allait se promener, sortant et rentrant par la fenêtre
ouverte. Fort heureusement, la tante Pétunia ne venait plus faire le ménage car Hedwige ne
cessait de ramener des cadavres de souris. Tous les soirs avant de se coucher, Harry barrait
un jour sur le calendrier de fortune qu'il avait fait lui-même sur un morceau de papier
accroché au mur. Il attendait le 1er septembre.

La veille du jour où il devait partir à Poudlard, Harry descendit voir l'oncle Vernon pour lui
demander s'il voulait bien le conduire à la gare le lendemain.

Dans le salon, les Dursley regardaient un jeu télévisé et il toussota pour signaler sa présence.
En le voyant, Dudley poussa un hurlement et sortit de la pièce en courant.

—Heu... Oncle Vernon ?

L'oncle Vernon grogna pour indiquer qu'il l'avait entendu.

—Heu... Il faudrait que je sois à la gare de King's Cross demain pour... pour aller à
Poudlard.

L'oncle Vernon grogna à nouveau.

—Est-ce que tu voudrais bien m'y conduire ?

Grognement. Harry pensa que c'était sa façon de dire oui.

—Merci.

Il s'apprêtait à remonter l'escalier lorsque l'oncle Vernon se mit à parler.

—Drôle de façon d'aller dans une école de sorciers, le train. Les tapis volants sont en panne ?

Harry ne répondit rien.

—D'ailleurs, où se trouve-t-elle, cette école ?




—Je ne sais pas, dit Harry en prenant conscience pour la première fois de son ignorance à ce
sujet. Je dois prendre le train à la gare de King's Cross à onze heures, sur la voie 9 ¾,
ajouta-t-il en regardant le billet que Hagrid lui avait donné.

Son oncle et sa tante l'observèrent avec des yeux ronds.

—La voie combien ?

—9 ¾.

—Ne dis pas de bêtises, dit l'oncle Vernon. La voie 9 ¾ n'existe pas.

—C'est écrit sur mon billet.

—Ils sont tous fous ! décréta l'oncle Vernon. Enfin, tu as de la chance, je devais de toute
façon aller à Londres demain matin.

—Pour le travail ? demanda Harry, essayant d'être aimable.

—Non, j'emmène Dudley à l'hôpital. Il faut lui faire enlever cette queue en tire-bouchon avant
qu'il entre au collège.




Le lendemain, Harry se réveilla dès cinq heures du matin et s'habilla d'un jean. Inutile de se
faire remarquer en revêtant une robe de sorcier ! Il se changerait dans le train. Il jeta un
coup d'œil à sa liste pour s'assurer qu'il n'avait rien oublié, vérifia qu'Hedwige était bien
enfermée dans sa cage puis fit les cent pas dans la chambre en attendant que les Dursley se
réveillent. Deux heures plus tard, l'oncle Vernon chargea son énorme valise pleine de livres
et de fournitures scolaires dans le coffre de la voiture et ils prirent la direction de Londres
après que la tante Pétunia eut convaincu Dudley qu'il n'y avait aucun danger à s'asseoir à
côté de Harry.

A dix heures et demie, ils étaient devant King's Cross. L'oncle Vernon mit la grosse valise sur
un chariot et accompagna Harry jusqu'à l'entrée des voies.

—Et voilà, mon garçon, dit-il. La voie 9 est ici, la voie 10 juste à côté. J'imagine que la tienne
doit se trouver quelque part entre les deux, mais j'ai bien peur qu'elle ne soit pas encore
construite.

Il avait raison, bien sûr. Il y avait un gros chiffre en plastique au-dessus de chacun des deux
quais et rien du tout au milieu.

—Bon voyage !

Et l'oncle Vernon repartit vers la voiture sans ajouter un mot. Harry se retourna et vit les
Dursley repartir dans leur voiture en éclatant de rire. La gorge sèche, Harry se demanda ce
qu'il allait bien pouvoir faire. La chouette enfermée dans sa cage intriguait les autres
voyageurs et il sentait des regards se tourner vers lui.




Il demanda à un employé où se trouvait le train à destination de Poudlard, mais l'homme
n'avait jamais entendu ce nom.

Harry étant incapable de lui dire dans quelle région l'endroit était situé, l'employé s'énerva,
croyant qu'il se moquait de lui. Harry n'osa pas parler de la voie 9 ¾, il se contenta de
demander d'où partait le train de onze heures mais l'employé lui répondit qu'aucun train ne
partait à cette heure-là et il s'éloigna en maudissant tous ces gens qui lui faisaient perdre son
temps.

Harry s'efforça de ne pas céder à la panique. La grosse horloge, au-dessus du tableau des
arrivées, lui indiqua qu'il lui restait dix minutes avant le départ du train mais il ne savait
absolument pas comment faire pour y monter. Il était seul au milieu de la gare, avec une
valise qu'il pouvait à peine soulever, la poche pleine d'argent qui n'avait cours que chez les
sorciers et une grande cage avec une chouette à l'intérieur.

Il se demanda si Hagrid n'avait pas oublié de lui dire quelque chose d'important sur la façon
dont il devait s'y prendre pour trouver son train, comme lorsqu'il avait tapé sur la troisième
brique à gauche pour pénétrer sur le Chemin de Traverse. Il se demandait s'il convenait de
sortir sa baguette magique pour en tapoter le composteur situé entre les deux quais lorsqu'il
entendit un groupe de voyageurs parler derrière lui.

—La gare est pleine de Moldus, il fallait s'y attendre, dit une voix.

Harry fit aussitôt volte-face. Une petite femme replète parlait à quatre garçons aux cheveux
roux flamboyants. Chacun des garçons poussait un chariot sur lequel était posée une grosse
valise semblable à celle de Harry. Et chacun d'eux avait un hibou.

Le cœur battant, Harry alla se placer derrière eux avec son propre chariot et décida de les
suivre. Il était suffisamment près pour entendre ce qu'ils disaient.

—C'est quoi, le numéro de la voie ? demanda la mère des quatre garçons.

—9 ¾, dit une fillette également rousse qui tenait la main de la petite femme replète. Moi
aussi, je veux aller à Poudlard.

—Tu n'es pas encore assez grande, Ginny, ce sera pour plus tard. Vas-y, Percy, passe le
premier.

Celui qui semblait être l'aîné des quatre garçons se dirigea vers les voies 9 et 10, Harry
l'observa attentivement, mais un groupe de touristes arriva au même moment et lui boucha la
vue. Lorsque le dernier touriste fut passé, le garçon avait disparu.

—Fred, à toi maintenant, dit la mère.

—Fred, c'est pas moi, moi, c'est George, dit le garçon. Franchement, tu crois que c'est digne
d'une mère de confondre ses enfants ? Tu ne vois pas que je suis George ?

—Désolée, mon chéri.

—C'était pour rire, dit le garçon. En fait, Fred, c'est moi..




Il s'avança à son tour vers les voies tandis que son frère jumeau lui disait de se dépêcher. Et
il se dépêcha si bien qu'un instant plus tard, il avait disparu. Le troisième garçon se volatilisa
de la même manière, sans que Harry comprenne comment il s'y était pris.

—Excusez-moi, dit alors Harry à la petite femme replète.

—Toi, je parie que c'est la première fois que tu vas à Poudlard, Ron aussi est nouveau, dit la
femme en montrant son plus jeune fils, un grand dadais avec de grands pieds, de grandes
mains et des taches de rousseur.

—C'est... c'est ça, dit Harry et je ... je ne sais pas comment on fait pour...

—Ne t'inquiète pas, dit la femme. Il suffit de marcher droit vers la barrière qui est devant toi,
entre les deux tourniquets. Ne t'arrête pas et n'aie pas peur de te cogner, c'est très important.
Si tu as le trac, il vaut mieux marcher très vite. Vas-y, passe devant Ron.

—Euh... oui, d'accord... dit Harry.

Il fit tourner son chariot et regarda la barrière entre les voies 9 et 10. Elle paraissait très
solide.

Il s'avança alors en poussant son chariot et marcha de plus en plus vite, bousculé par les
voyageurs qui se hâtaient vers les voies 9 et 10. Penché sur son chariot, il se mit à courir. La
barrière se rapprochait dangereusement. Trop tard pour freiner, à présent. Il n'était plus qu'à
cinquante centimètres. Il ferma les yeux et attendit le choc.

Mais il n'y eut pas de choc. Il continua de courir sans rencontrer aucun obstacle et lorsqu'il
rouvrit les yeux, il vit une locomotive rouge le long du quai où se pressait une foule compacte.
Au-dessus de sa tête, une pancarte signalait: « Poudlard Express—11 heures ». En regardant
derrière lui, Harry vit une grande arche de fer forgé à la place de la barrière et des
tourniquets. Un panneau indiquait: « Voie 9 ¾ ». Il avait réussi à trouver son train.

De la fumée s'échappait de la locomotive et se répandait au-dessus de la foule, des chats de
toutes les couleurs se glissaient çà et là entre les jambes des passagers et la rumeur des
conversations était ponctuée par le bruit des valises traînées sur le quai et des ululements que
les hiboux échangeaient d'un air grognon.

Les premiers wagons étaient déjà pleins d'élèves. Certains, penchés aux fenêtres, bavardaient
avec leurs parents pendant que d'autres se battaient pour une place assise. Harry poussa son
chariot le long du quai, à la recherche d'une place libre. Il passa devant un garçon au visage
joufflu qui disait:

—Grand-mère, j'ai encore perdu mon crapaud.

—Neville ! soupira la vieille dame.

Un petit groupe se pressait autour d'un garçon coiffé avec des dreadlocks.

—Allez, montre-nous ça, Lee, vas-y.




Le garçon souleva le couvercle de la boîte qu'il tenait dans les mains et tout le monde se mit à
hurler en voyant surgir une longe patte velue.

Harry se fraya un chemin parmi la foule jusqu'au dernier wagon où il trouva enfin un
compartiment vide. Il posa d'abord la cage d'Hedwige à l'intérieur du wagon, puis il essaya
de hisser sa valise sur le marchepied mais il ne parvint qu'à la laisser tomber sur son pied.

—On peut t'aider ? demanda l'un des jumeaux roux qu'il avait suivis à travers la barrière.

—Je veux bien, répondit Harry, le souffle court.

—Hé, Fred, viens nous donner un coup de main.

Avec l'aide des jumeaux, Harry parvint à s'installer avec sa valise dans un coin du
compartiment libre.

—Merci, dit Harry en relevant d'un doigt une mèche de cheveux trempés de sueur.

—Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda soudain l'un des jumeaux en montrant la cicatrice en
forme d'éclair.

—Ça alors ! s'exclama l'autre frère, ce ne serait pas...

—Si, c'est sûrement lui, dit le premier jumeau. C'est bien ça ? ajouta-t-il à l'adresse de Harry.

—Quoi ? demanda celui-ci.

—Harry Potter, dirent en chœur les deux frères.

—Oui, oui, c'est lui, répondit Harry. Enfin, je veux dire... c'est moi.

Les deux frères le regardèrent bouche bée et Harry se sentit rougir. Puis, à son grand
soulagement, une voix retentit à la porte du wagon.

—Fred ? George ? Vous êtes là ?

—On arrive, M'man.

Après avoir jeté un dernier coup d'œil à Harry, les jumeaux se hâtèrent de redescendre sur le
quai.

Harry s'assit dans le coin près de la fenêtre. A demi-caché, il pouvait observer et entendre la
famille aux cheveux roux sans être vu. La mère venait de sortir son mouchoir.

—Ron, dit-elle, tu as quelque chose sur le nez.

Le plus jeune des quatre frères essaya de se dérober mais sa mère l'attrapa par le bras et se
mit à lui frotter le bout du nez.

—M'man ! Laisse-moi tranquille ! dit-il en parvenant à se dégager.




—Ma parole, le petit Ron à sa maman a quelque chose sur son nez ? dit l'un des jumeaux.

—Ferme-la, répliqua Ron.

—Où est Percy ? demanda leur mère.

—Il arrive.

L'aîné des garçons apparut, la démarche décidée. Il avait déjà revêtu la robe noire de
Poudlard et Harry remarqua, épinglé sur sa poitrine, un petit insigne brillant qui portait la
lettre P.

—Je ne peux pas rester très longtemps, Maman, dit-il. Je dois aller à l'avant du train, les
préfets ont un compartiment réservé.

—Tu es préfet, Percy ? dit l'un de jumeaux avec surprise. Tu aurais dû nous prévenir, on n'en
savait rien.

—Attends, je crois bien qu'il nous en a soufflé un mot, une fois, dit l'autre jumeau.

—Peut-être même deux fois.

—Maintenant que tu me le rappelles, je crois même qu'il nous en a parlé pendant une minute
entière.

—Et même pendant tout l'été, à bien y réfléchir...

—Ça suffit, dit Percy le préfet.

—Comment ça se fait que Percy ait une robe neuve ? s'étonna l'un des jumeaux.

—Parce qu'il est préfet, répondit leur mère d'une voix émue. Fais bon voyage, mon chéri, et
envoie-moi un hibou quand tu seras arrivé.

Elle embrassa Percy sur la joue et celui-ci s'éloigna. Elle se tourna ensuite vers les jumeaux.

—Vous deux, vous allez être sages, cette année ! lança-t-elle. Si jamais je reçois un hibou qui
me dit que vous avez fait exploser les toilettes...

—Faire exploser les toilettes ? On n'a jamais fait ça.

—Mais c'est une bonne idée. Merci, M'man !

—Et occupez-vous bien de Ron.

—Ne t'en fais pas, le petit Ron à sa maman n'aura rien à craindre avec nous.

—Ça suffit, dit Ron.




Il était presque aussi grand que les jumeaux et son nez était tout rose à l'endroit où sa mère
l'avait frotté.

—Hé, M'man, devine qui on vient de voir dans le train ? dit l'un des jumeaux.

Harry se blottit un peu plus dans son coin pour être sûr qu'ils ne le voient pas.

—Le petit brun qui était à côté de nous, à la gare ? Tu sais qui c'est ?

—C'est qui ?

—Harry Potter !

Harry entendit la voix flûtée de la petite fille.

—Oh, M'man, je peux monter dans le train pour aller le voir ? demanda-t-elle.

—Tu l'as déjà vu, répondit sa mère, et d'ailleurs, ce pauvre garçon n'est pas une bête curieuse
qu'on va voir au zoo. Comment tu sais que c'est lui, Fred ?

—Je lui ai demandé. J'ai vu sa cicatrice. Elle a vraiment la forme d'un éclair.

—Pauvre petit, pas étonnant qu'il soit tout seul, je me disais bien.—Il était tellement poli
quand il m'a demandé où se trouvait le quai.

—Tu crois qu'il se souvient de la tête qu'avait Tu-Sais-Qui ?

Leur mère devint soudain grave.

—Je t'interdis de lui poser cette question, Fred. Il n'a vraiment pas besoin qu'on lui rappelle
ça pour son premier jour d'école.

Un sifflet retentit.

—Dépêchez-vous, dit la mère.

Les trois garçons montèrent dans le wagon. Percy, l'aîné, était déjà parti s'installer en tête du
train. En voyant partir ses frères, la petite fille se mit à pleurer.

—T'en fais pas, lui dit l'un des jumeaux par la fenêtre verte. On t'enverra plein de hiboux.

—Et un siège de toilettes de Poudlard, ajouta son frère.

—George ! s'indigna sa mère.

—C'était pour rire, M'man.

Le train s'ébranla. Harry vit la mère des garçons faire de grands signes de la main tandis que
la petite sœur, pleurant riant à la fois, courait le long du quai pour suivre le wagon. Lorsque
le train prit de la vitesse, Harry regarda la mère et la fillette devenir de plus en plus petites,




puis disparaître. Les maisons qui bordaient la voie défilaient devant la fenêtre du
compartiment. Harry éprouvait un sentiment d'excitation. Il ne savait pas ce qui l'attendait,
mais c'était certainement mieux que ce qu'il laissait derrière lui.

La porte du compartiment s'ouvrit et le plus jeune des frères aux cheveux roux entra.

—La place est libre ? demanda-t-il en montrant le siège en face de Harry. Les autres
compartiments sont pleins.

Harry hocha la tête et le garçon s'assit. Il jeta un coup d'œil à Harry puis se tourna du côté de
la fenêtre d'un air indifférent. Il avait toujours une tache noire sur le bout du nez.

—Hé, Ron.

Les jumeaux étaient de retour.

—On va dans le wagon du milieu, dit l'un. Lee Jordan a une tarentule géante, on va aller voir
ça.

—D'accord, marmonna Ron.

—Harry, dit l'autre jumeau, je ne sais plus si nous nous sommes présentés. Fred et George
Weasley. Et lui, c'est Ron, notre frère. A plus tard.

Les jumeaux s'en allèrent après avoir refermé la porte du compartiment.

—C'est vrai que tu es Harry Potter ? demanda brusquement Ron.

Harry confirma d'un signe de tête.

—Je m'étais dit que c'était peut-être une blague de Fred ou George. Et tu as vraiment cette...
tu sais, la...

Il pointa le doigt vers le front de Harry. Celui-ci releva sa mèche pour lui montrer la cicatrice
en forme d'éclair. Ron la contempla avec des yeux ronds.

—Alors, c'est là que Tu-Sais-Qui...

—Oui, dit Harry, mais je ne m'en souviens pas.

—Vraiment pas ? demanda avidement Ron.

—Je me souviens d'une lumière verte éblouissante, c'est tout.

—Eh ben, dis donc...

Il fixa Harry pendant quelques instants puis, comme s'il s'était soudain rendu compte de ce
qu'il faisait, il regarda à nouveau par la fenêtre.




—Ils sont tous sorciers dans ta famille ? demanda Harry qui s'intéressait autant à Ron que
Ron à lui.

—Oui, je crois, répondit Ron. Il paraît que M'man a un cousin qui est comptable, mais on ne
parle jamais de lui à la maison.

—Alors tu dois être déjà très fort en magie.

Les Weasley étaient certainement l'une de ces vieilles familles de sorciers auxquelles faisait
allusion le garçon au visage pâle qu'il avait rencontré sur le Chemin de Traverse.

—J'ai entendu dire que tu avais vécu dans une famille de Moldus. Ils sont comment, ces gens-
là ?

—Horribles, répondit Harry. Enfin, pas tous. En tout cas, ma tante, mon oncle et mon cousin
sont abominables. J'aurais bien voulu avoir trois frères sorciers.

—Cinq, rectifia Ron.

Son visage s'était soudain assombri.

—Je suis le sixième à aller à Poudlard, dans la famille. J'ai intérêt à être à la hauteur. Bill et
Charlie, mes deux frères aînés, ont déjà fini leurs études. Bill était Préfet en chef et Charlie
capitaine de l'équipe de Quidditch. Maintenant, c'est Percy qui est préfet.

—Préfet ? Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Harry.

—C'est un élève chargé de maintenir la discipline, répondit Ron. Une sorte de pion... Tu ne
savais pas ça ?

—Je ne suis pas beaucoup sorti de chez moi, confessa Harry.

—Fred et George font pas mal de bêtises, poursuivit Ron, mais ils ont de bonnes notes et tout
le monde les trouve très drôles. Et moi, on voudrait que je fasse aussi bien que les autres,
mais même si j'y arrive, personne ne s'en apercevra, parce que je serai le sixième à le faire et
on trouvera ça normal. Quand on a cinq frères, on n'a jamais rien de neuf. J'ai les vieilles
robes de sorcier de Bill, la vieille baguette magique de Charlie et le vieux rat de Percy.

Ron sortit de sa poche un gros rat gris qui dormait.

—Il s'appelle Croûtard et il ne sert à rien. Il dort tout le temps. Mon père a offert un hibou à
Percy quand il a été nommé préfet, mais il n'avait pas les moyens de... Enfin, je veux dire,
c'est moi qui ai hérité de Croûtard.

Les oreilles de Ron devinrent écarlates, comme s'il avait eu le sentiment d'en avoir trop dit et
il détourna la tête.

Harry ne voyait pas pourquoi il aurait fallu se sentir honteux de n'avoir pas les moyens
d'acheter un hibou. Lui-même n'avait jamais eu d'argent jusqu'au mois dernier et il raconta à
Ron qu'il devait se contenter de porter les vieux vêtements de Dudley.




—Jusqu'à ce que Hagrid me l'annonce, je ne savais pas que j'étais un sorcier, je ne savais
même rien de mes parents, ni de Voldemort.

Ron laissa échapper une exclamation étouffée.

—Tu as prononcé le nom de Tu-Sais-Qui ! dit-il d'un air à la fois choqué et admirait. Je
pensais que tu serais le dernier à...

—Ce n'est pas pour faire le malin, dit Harry. Simplement, je ne me suis pas encore habitué à
ne pas dire son nom. J'ai beaucoup de choses à apprendre... Je suis sûr que je serai le plus
mauvais élève de ma classe.

—Oh non, dit Ron d'un ton rassurant. Il y a plein d'élèves qui ont vécu dans des familles de
Moldus et ils apprennent très vite.

Le train était sorti de Londres, à présent. Pendant un long moment, ils restèrent silencieux,
contemplant les vaches et les moutons qui paissaient dans les prés, le long de la voie.

Vers midi et demi, ils entendirent un chariot tintinnabuler dans le couloir du wagon et une
jeune femme souriante fit glisser la porte du compartiment.

—Vous désirez quelque chose, les enfants ? demanda-t-elle en montrant les marchandises
disposées sur le chariot.

Harry, qui n'avait pas pris de petit déjeuner, se leva d'un bond. Ron, les oreilles à nouveau
écarlates, marmonna qu'il avait apporté des sandwiches. Pour la première fois de sa vie,
Harry avait les poches pleines d'argent et il était décidé à s'en servir pour s'acheter autant de
barres de chocolat qu'il lui plairait. Mais en examinant les friandises que vendait la jeune
femme, il s'aperçut qu'elles lui étaient totalement inconnues. Jamais il n'avait entendu parler
des Dragées surprises de Bertie Crochue, des Ballongommes du Bullard, des
Chocogrenouilles, des Patacitrouilles, des Fondants du Chaudron ou des Baguettes magiques
à la réglisse. Comme il ne voulait rien manquer, il acheta un peu de tout et donna à la jeune
femme les onze Mornilles et sept Noises qu'elle lui demanda.

Ron ouvrit de grands yeux lorsque Harry revint avec ses acquisitions et les étala sur la
banquette.

—Tu as faim ? dit Ron.

—Je suis affamé, dit Harry en mordant avidement dans un Patacitrouille.

Ron était en train de déballer un paquet qui contenait quatre sandwiches. Il en prit un et fit la
grimace.

—Ma mère oublie toujours que j'ai horreur du corned-beef, soupira-t-il.

—Si tu veux, je te l'échange contre ce qui te plaira.

—Il ne faut surtout pas manger ça, c'est tout sec, dit Ron. Ma mère n'a pas beaucoup le temps
de faire la cuisine, nous sommes cinq enfants à la maison.




—Vas-y, sers-toi, proposa Harry, ravi de pouvoir partager quelque chose avec quelqu'un
pour la première fois de sa vie. C'est quoi, ça ? demanda-t-il en montrant un paquet de
Chocogrenouilles. Ce ne sont pas de vraies grenouilles, j'espère ?

—Non, mais regarde la carte qui est à l'intérieur, j'en fais collection. Il me manque Agrippa.

—La carte ?

—Dans chaque paquet de Chocogrenouille, il y a une carte sur un sorcier ou une sorcière
célèbre. J'en ai déjà cinq cents, mais il m'en manque encore quelques-unes, Agrippa et
Ptolémée, par exemple.

Harry ouvrit un paquet de Chocogrenouille et trouva la carte. Elle montrait la photo d'un
homme avec des lunettes en demi-lune, un long nez aquilin, une chevelure argentée, une
barbe et une moustache. Sous le portrait était écrit le nom du personnage: Albus
Dumbledore.

—C'est lui, Dumbledore ? s'exclama Harry

—Ne me dis pas que tu n'en as jamais entendu parler ? Tiens, passe-moi un autre
Chocogrenouille, j'y trouverai peut-être une carte qui me manque.

Harry retourna la carte et lut:

« ALBUS DUMBLEDORE, ACTUEL DIRECTEUR DU COLLEGE POUDLARD.

Considéré par beaucoup comme le plus grand sorcier des temps modernes, Dumbledore s'est
notamment rendu célèbre en écrasant en 1945 le mage Grindelwald, de sinistre mémoire. Il
travailla en étroite collaboration avec l'alchimiste Nicolas Flamel et on lui doit la découverte
des propriétés du sang de dragon. Les passe-temps préférés du professeur Dumbledore sont
le bowling et la musique de chambre. »

Harry regarda à nouveau la photo et fut stupéfait de constater que Dumbledore avait disparu.

—Il est parti ! s'écria-t-il.

—Tu ne voudrais pas qu'il reste là toute la journée, dit Ron. Mais ne t'en fais pas, il va
revenir. Oh non, je suis encore tombé sur Morgane. J'en avais déjà six... Tu la veux ? Tu
pourras commencer une collection.

Ron regarda avec envie la pile de Chocogrenouilles qui attendaient d'être ouverts.

—Vas-y, sers-toi, dit Harry, Tu sais, chez les Moldus, les gens restent immobiles sur leurs
photos, expliqua-t-il.

—Ah bon ? Ils ne vont jamais faire un tour ? demanda Ron, étonné. Ça, c'est vraiment
bizarre.

Harry vit alors Dumbledore reprendre sa place sur la photo et lui adresser un petit sourire.
Ron avait beaucoup plus de plaisir à manger les Chocogrenouilles qu'à regarder les portraits




des sorcières et sorciers célèbres mais Harry, lui, n'arrivait pas à en détacher les yeux.
Bientôt, en plus de Dumbledore et de Morgane, il trouva les cartes de Hengist, de Woodcroft,
d'Alberic Grunnion, de Circé, de Paracelse et de Merlin. Il s'arracha enfin à la contemplation
de la druidesse Cliodna qui se grattait le nez pour ouvrir un sachet de Dragées surprises de
Bertie Crochue.

—Fais attention avec ça, dit Ron. On peut vraiment avoir des surprises en mangeant ces
trucs-là. Il y a toutes sortes de parfums. Si tu as de la chance, tu peux avoir chocolat, menthe
ou orange, mais parfois, on tombe sur épinards ou foie et tripes. George dit qu'un jour il en a
eu un au sang de gobelin.

Ron prit une dragée verte, l'examina attentivement et en mordit prudemment l'extrémité.

—Beuârk ! s'exclama-t-il. Du chou de Bruxelles !

Pendant un bon moment, ils s'amusèrent à manger les Dragées surprises. Harry tomba sur
divers parfums, toast grillé, noix de coco, haricots blancs, fraise, curry, gazon, café, sardine.
Il eut même le courage d'en goûter une qui avait une étrange couleur grise et que Ron refusa
de toucher. C'était une dragée au poivre.

Après avoir traversé des paysages de campagne aux champs bien dessinés, le train abordait à
présent une région plus sauvage, avec des forêts, des collines, des rivières qui serpentaient
parmi les arbres.

Quelqu'un frappa à la porte du compartiment et le garçon joufflu que Harry avait déjà vu sur
le quai 9¾ entra. Il avait l'air de pleurer.

—Vous n'auriez pas vu un crapaud ? demanda-t-il.

Ils firent « non » de la tête.

—Je l'ai perdu, se lamenta le garçon. Il n'arrête pas de s'échapper.

—Il va sûrement revenir, dit Harry.

—Oui, soupira le garçon d'un air accablé. Mais si tu le vois...

Et il sortit.

—Je me demande pourquoi il s'inquiète tellement, dit Ron. Si j'avais un crapaud, je ferais tout
mon possible pour le perdre. Remarque, je n'ai rien à dire, avec Croûtard.

Pendant tout ce temps, le rat de Ron avait continué de dormir sur les genoux de son maître.

—Il pourrait aussi bien être mort, on ne verrait pas la différence, soupira Ron. Hier, j'ai
essayé de lui jeter un sort, je voulais changer sa couleur en jaune pour le rendre un peu plus
drôle, mais ça n'a pas marché. Je vais te montrer. Regarde...

Il fouilla dans sa valise et en sortit une vieille baguette magique tout abîmée. Quelque chose
de blanc brillait à son extrémité.




—Elle est tellement vieille que le poil de licorne commence à sortir.

Au moment où il brandissait sa baguette, le garçon qui avait perdu son crapaud revint à la
porte du compartiment, accompagné d'une fille vêtue de sa robe de Poudlard.

—Vous n'auriez pas vu un crapaud ? Neville a perdu le sien, dit la fille.

Elle avait d'épais cheveux bruns ébouriffés, de grandes dents et un ton autoritaire.

—On n'a rien vu du tout, répondit Ron.

Mais la fille ne l'écoutait pas. Elle regardait la baguette magique qu'il tenait à la main.

—Tu étais en train de faire de la magie ? demanda-t-elle. On va voir si ça va marcher.

Elle s'assit sur la banquette. Ron sembla pris au dépourvu. Il s'éclaircit la gorge.

—Bon, dit-il, allons y:


Soleil, jonquille et canari,
Que ce gros gras rat gris
En jaune soit colorié
De la tête jusqu'aux pieds.

Il agita sa baguette, mais rien ne se produisit. Croûtard était toujours aussi gris et n'avait
même pas ouvert un œil.

—C'est ça que tu appelles jeter un sort ? dit la fille. Pas très brillant, comme résultat. Moi,
j'ai essayé de jeter des sorts pour m'entraîner et à chaque fois, ça a marché. Personne n'est
sorcier dans ma famille, j'ai eu la surprise de ma vie en recevant ma lettre, mais j'étais
tellement contente ! On m'a dit que c'était la meilleure école de sorcellerie. J'ai déjà appris
par cœur tous les livres qui sont au programme, j'espère que ce sera suffisant pour débuter.
Ah, au fait, je m'appelle Hermione Granger, et vous ?

Elle avait dit tout cela très rapidement, sans reprendre souffle. Harry jeta un coup œil à Ron
et fut soulagé. Son expression stupéfaite montrait que lui non plus n'avait pas appris par cœur
tous les livres du programme.

—Je m'appelle Ron Weasley, marmonna Ron.

—Moi, c'est Harry Potter, dit Harry.

—C'est vrai ? s'exclama Hermione. Je sais tout sur toi, j'ai lu quelques livres supplémentaires
pour ma culture générale et je peux te dire qu'on parle de toi dans Histoire de la magie
moderne, Grandeur et décadence de la magie noire et Les Grands Evénements de la
sorcellerie au XXe siècle.

—Ah bon ? dit Harry, abasourdi.




—Tu ne savais pas ? Si c'était à moi que c'était arrivé, j'aurais lu tous les livres où on en
parlait, dit Hermione. Vous savez dans quelle maison vous serez ? Moi, j'espère bien aller
chez les Gryffondor, ça m'a l'air d'être la meilleure. On m'a dit que Dumbledore y a fait
toutes ses études, mais les Serdaigle ne doivent pas être mal non plus. Enfin, bon, on va
essayer de retrouver le crapaud de Neville. Vous feriez bien de mettre vos robes de sorcier,
vous deux, on ne va pas tarder à arriver.

Et elle s'en alla en emmenant le garçon joufflu abandonné par son crapaud.

—J'espère en tout cas qu'elle ne sera pas dans la même maison que moi, celle-là, dit Ron un
rangeant sa baguette magique dans sa valise. Complètement idiot, ce sortilège. C'est George
qui me l'a appris, il devait savoir que ça ne marchait pas.

—Tu pourrais m'en dire un peu plus sur les maisons de Poudlard ? demanda Harry.

—L'école est divisée en quatre maisons, répondit Ron. Les élèves sont répartis dans chaque
maison selon leur personnalité. Il y a les Gryffondor, les Serdaigle, les Serpentard et les
Poufsouffle.

—Et tes frères, ils sont dans quelle maison ?

—Gryffondor, dit Ron.

Cette fois encore, son visage s'assombrit.

—Mon père et ma mère y étaient aussi. Je me demande ce qu'ils diront si jamais je n'y suis
pas. J'imagine que ce ne serait pas trop grave si je me retrouvais chez les Serdaigle, mais si
jamais ils me mettent chez les Serpentard... C'était là qu'était Tu-Sais-Qui.

—Vol... je veux dire, Tu-Sais-Qui a fait ses études à Serpentard ?

—C'était il y a très longtemps.

Ron se laissa aller contre la banquette. La conversation sur les maisons de Poudlard semblait
le démoraliser complètement.

—On dirait que le bout des moustaches de Croûtard a un peu jauni, dit Harry pour changer
de sujet. Qu'est-ce qu'ils font, tes frères aînés, depuis qu'ils ont fini leurs études ?

Il se demandait ce que pouvait bien devenir un sorcier une fois ses diplômes en poche.

—Charlie est en Roumanie pour faire des recherches sur les dragons et Bill est en Afrique, en
mission pour Gringotts. A propos de Gringotts, tu es au courant de ce qui s'est passé ? Il y a
tout un article dans La Gazette du sorcier, mais j'imagine qu'on ne lit pas ça chez les Moldus.
Des voleurs ont forcé un coffre.

Harry ouvrit de grands yeux.

—Et qu'est-ce qui leur est arrivé ?




—Rien, ils ne se sont pas fait prendre, c'est pour ça qu'on en parle tellement. Mon père dit
qu'il faut être un grand expert en magie noire pour s'introduire chez Gringotts, mais
apparemment, ils n'ont rien emporté. C'est bizarre. Bien sûr, quand ce genre de chose arrive,
tout le monde a peur que Tu-Sais-Qui soit dans le coup.

Harry retourna dans sa tête la nouvelle qu'il venait d'apprendre. Il commençait à ressentir un
frisson de crainte chaque fois qu'on lui parlait de Vous-Savez-Qui. C'était sans doute la
conséquence de son entrée dans le monde magique. Il se sentait beaucoup moins à l'aise
qu'au temps il pouvait prononcer le nom de Voldemort sans s'inquiéter.

—C'est quoi, ton équipe de Quidditch préférée ? demanda Ron.

—Heu... Je ne connais pas les équipes, avoua Harry.

—Quoi ? s'exclama Ron, abasourdi. Tu ne sais rien du Quidditch ? C'est le plus beau jeu du
monde !

Il entreprit alors de lui en expliquer les règles, les quatre balles en jeu, les différents postes
occupés par les joueurs. Il lui raconta les plus beaux matches qu'il avait vus en compagnie de
ses frères et lui décrivit en détail le balai volant qu'il aurait aimé acheter s'il avait eu assez
d'argent pour ça. Il était en train de lui expliquer les aspects les plus complexes du jeu
lorsque la porte du compartiment s'ouvrit à nouveau. Cette fois-ci, ce n'étaient ni Neville, ni
Hermione Granger.

Trois élèves de Poudlard entrèrent et Harry reconnut parmi eux le garçon au teint pâle dont
il avait fait la connaissance dans la boutique de vêtements de Madame Guipure. Cette fois, il
regardait Harry avec beaucoup plus d'intérêt que lors de leur première rencontre.

—Alors, c'est vrai ? lança-t-il. On dit partout que Harry Potter se trouve dans ce
compartiment. C'est toi ?

—Oui, dit Harry.

Il regarda les deux autres garçons. Tous deux étaient solidement bâtis et avaient l'air féroce.
Debout de chaque côté du garçon au teint pâle, ils avaient l'air de gardes du corps.

—Lui, c'est Crabbe et l'autre, c'est Goyle, dit le garçon d'un air détaché. Moi, je m'appelle
Malefoy, Drago Malefoy.

Ron eut une toux discrète qui ressemblait à un ricanement. Drago Malefoy tourna les yeux
vers lui.

—Mon nom te fait rire ? Inutile de te demander le tien.

—Mon père m'a dit que tous les Weasley ont les cheveux roux, des taches de rousseur et
beaucoup trop d'enfants pour pouvoir les nourrir.

Il se tourna à nouveau vers Harry.




—Fais bien attention à qui tu fréquentes, Potter. Si tu veux éviter les gens douteux, je peux te
donner des conseils.

Malefoy lui tendit la main, mais Harry refusa de la serrer.

—Je n'ai besoin de personne pour savoir qui sont les gens douteux, dit-il avec froideur.

Les joues pâles du garçon rosirent légèrement,

—Si j'étais toi, je serais un peu plus prudent, Potter, dit-il lentement. Si tu n'es pas plus poli,
tu vas finir comme tes parents. Eux aussi ont manqué de prudence. Si tu trames avec de la
racaille comme les Weasley ou ce Hagrid, ils finiront par déteindre sur toi.

Harry et Ron se levèrent en même temps. Le visage de Ron était aussi rouge que ses cheveux.

—Répète un peu ça, dit-il.

—Vous voulez vous battre, tous les deux ? lança Malefoy avec mépris.

—Vous feriez mieux de filer d'ici, dit Harry en s'efforçant de paraître plus assuré qu'il ne
l'était, car Crabbe et Goyle étaient beaucoup plus grands que Ron et lui.

—Oh, mais on n'a pas du tout l'intention de s'en aller, pas vrai, les gars ? On a fini toutes nos
provisions et vous avez l'air d'en avoir encore.

Goyle tendit la main vers les Chocogrenouilles qui se trouvaient à côté de Ron. Ron se jeta
aussitôt sur lui, mais avant qu'il ait pu toucher son adversaire, celui-ci poussa un hurlement
épouvantable.

Croûtard le rat était suspendu à un doigt de Goyle, ses dents pointues profondément plantées
dans une phalange. Crabbe et Malefoy reculèrent d'un pas tandis que Goyle, toujours
hurlant, agitait la main en tous sens pour essayer de se débarrasser de Croûtard. Le rat finit
par lâcher prise et fut projeté contre la fenêtre. Les trois garçons s'éclipsèrent aussitôt,
craignant sans doute que d'autres rats se soient cachés parmi les friandises. Quelques
instants plus tard, Hermione Granger arriva à son tour dans le compartiment.

—Qu'est-ce qui s'est passé, ici ? demanda-t-elle en voyant les friandises étalées par terre et
Ron qui tenait Croûtard la queue.

—Je crois bien qu'il est assommé, dit Ron.

Il examina le rat de plus près.

—Ça, c'est incroyable ! s'exclama-t-il. Il n'est pas assommé, il s'est tout simplement
rendormi !

En effet, Croûtard dormait paisiblement.

—Tu le connaissais déjà, ce Malefoy ? demanda Ron.




Harry lui raconta sa rencontre avec lui sur le Chemin de Traverse.

—J'ai entendu parler de sa famille, dit Ron d'un air sombre. Ils ont été parmi les premiers à
revenir de notre côté quand Tu-Sais-Qui a disparu. Ils ont prétendu qu'ils avaient été victimes
d'un mauvais sort, mais mon père n'y croit pas. Il dit que le père de Malefoy n'a pas besoin de
mauvais sort pour se mettre dans le camp des forces du Mal.

—Vous feriez bien de vous changer, dit Hermione. Je suis allée voir le machiniste dans la
locomotive et il m'a dit que nous étions presque arrivés. Vous ne vous êtes quand même pas
battus, j'espère ? Vous cherchez les ennuis avant même qu'on soit là-bas !

—C'est Croûtard qui s'est battu, pas nous, répliqua Ron en lui lançant un regard noir. Ça ne
t'ennuierait pas de nous laisser tranquilles pendant qu'on se change ?

—D'accord, je m'en vais, dit Hermione d'un air hautain. J'étais venue vous voir parce que les
autres ne font que des bêtises, ils courent dans le couloir comme des idiots et toi, tu as une
saleté sur le nez, si tu veux savoir.

Ron lui adressa un regard féroce tandis qu'elle sortait du compartiment. Dehors, la nuit
commençait à tomber. Des montagnes et des forêts défilaient sous un ciel pourpre et le train
semblait perdre de la vitesse.

Ron et Harry enfilèrent leur robe de sorcier. Celle de Ron était un peu trop courte pour lui,
on voyait ses chaussures et le bas de son pantalon.

Une voix retentit alors dans le train:

—Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans les
compartiments, ils seront acheminés séparément dans les locaux scolaires.

Harry sentit son estomac se contracter et il vit Ron pâlir sous ses taches de rousseur. Après
avoir rempli leurs poches des dernières friandises qui restaient, ils rejoignirent la foule des
élèves qui se pressaient dans le couloir.

Lorsque le train s'arrêta enfin, tout le monde se précipita vers la sortie et descendit sur un
quai minuscule plongé dans la pénombre. L'air frais de la nuit fit frissonner Harry. Une
lampe se balança alors au-dessus de leur tête et Harry entendit une voix familière:

—Les première année, par ici. Suivez-moi. Ça va, Harry ?

La grosse tête hirsute de Hagrid, le regard rayonnant, dominait la foule des élèves.

—Les première année sont tous là ? Allez, suivez-moi. Et faites attention où vous mettez les
pieds. En route !

Glissant et trébuchant, la file des élèves suivit Hagrid le long d'un chemin étroit et escarpé
qui s'enfonçait dans l'obscurité. Harry pensa qu'ils devaient se trouver au cœur d'une épaisse
forêt. Personne ne parlait beaucoup. Neville, celui qui avait perdu son crapaud, renifla à
plusieurs reprises.




—Vous allez bientôt apercevoir Poudlard, dit Hagrid en se retournant vers eux. Après le
prochain tournant.

Il y eut alors un grand « Oooooh ! ».

L'étroit chemin avait soudain débouché sur la rive d'un grand lac noir. De l'autre côté du lac,
perché au sommet d'une montagne, un immense château hérissé de tours pointues étincelait,
de toutes ses fenêtres dans le ciel étoilé.

—Pas plus de quatre par barque, lança Hagrid en montrant une flotte de petits canots alignés
le long de la rive.

Harry et Ron partagèrent leur barque avec Hermione et Neville.

—Tout le monde est casé ? cria Hagrid qui était lui-même monté dans un bateau. Alors, EN
AVANT !

D'un même mouvement, les barques glissèrent sur l'eau du lac dont la surface était aussi lisse
que du verre. Tout le monde restait silencieux, les yeux fixés sur la haute silhouette du
château, dressé au sommet d'une falaise.

—Baissez la tête, dit Hagrid lorsqu'ils atteignirent la paroi abrupte.

Tout le monde s'exécuta tandis que les barques franchissaient un rideau de lierre qui cachait
une large ouverture taillée dans le roc. Les bateaux les emportèrent le long d'un tunnel
sombre qui semblait les mener sous le château. Ils arrivèrent alors dans une sorte de crique
souterraine et débarquèrent sur le sol rocheux.

—Hé, toi, là-bas, c'est à toi ce crapaud ? dit Hagrid qui regardait dans les barques pour voir
si personne n'avait rien oublié,

—Trevor ! s'écria Neville en tendant les mains.

Guidés par la lampe de Hagrid, ils grimpèrent le long d'un passage creusé dans la montagne
et arrivèrent enfin sur une vaste pelouse qui s'étendait à l'ombre du château. Ils montèrent
une volée de marches et se pressèrent devant l'immense porte d'entrée en chêne massif.

—Tout le monde est là ? demanda Hagrid. Toi, là-bas, tu as toujours ton crapaud ?

Puis le géant leva son énorme poing et frappa trois fois à la porte du château.




Chapitre 7

Le choixpeau magique.




La porte s'ouvrit immédiatement. Une grande sorcière aux cheveux noirs, vêtue d'une longue
robe vert émeraude se tenait dans l'encadrement. Elle avait le visage sévère des gens qu'il
vaut mieux éviter de contrarier, pensa aussitôt Harry.

—Professeur McGonagall, voici les élèves de première année, annonça Hagrid.

—Merci, Hagrid, dit la sorcière, je m'en occupe.

Le hall d'entrée du château était si grand que la maison des Dursley aurait pu y tenir tout
entière et le plafond si haut qu'on n'arrivait pas à l'apercevoir. Des torches enflammées
étaient fixées aux murs de pierre, comme à Gringotts, et un somptueux escalier de marbre
permettait de monter dans les étages.

Guidés par le professeur McGonagall, ils traversèrent l'immense salle au sol dallé et
entrèrent dans une petite salle réservée aux élèves de première année. Harry entendait la
rumeur de centaines de voix qui lui parvenaient à travers une porte située sur sa droite. Les
autres élèves devaient déjà être là. L'exiguïté des lieux les obligea à se serrer les uns contre
les autres et ils restèrent debout en silence, lançant autour d'eux des regards un peu inquiets.

—Bienvenue à Poudlard, dit le professeur McGonagall. Le banquet de début d'année va
bientôt commencer mais avant que vous preniez place dans la Grande Salle, vous allez être
répartis dans les différentes maisons. Cette partition constitue une cérémonie très importante.
Vous devez savoir, en effet, que tout au long de votre séjour à l'école, votre maison sera pour
vous comme une seconde famille. Vous y suivrez les mêmes cours, vous y dormirez dans le
même dortoir et vous passerez votre temps libre dans la même salle commune. Les maisons
sont au nombre de quatre. Elles ont pour nom Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et
Serpentard. Chaque maison a sa propre histoire, sa propre noblesse, et chacune d'elles a
formé au cours des ans des sorciers et des sorcières de premier plan. Pendant votre année à
Poudlard, chaque fois que vous obtiendrez de bons résultats, vous rapporterez des points à
votre maison, mais chaque fois que vous enfreindrez les règles communes, votre maison
perdra des points. A la fin de l'année scolaire, la maison qui aura obtenu le plus de points
gagnera la coupe des Quatre Maisons, ce qui constitue un très grand honneur. J'espère que
chacun et chacune d'entre vous aura à cœur de bien servir sa maison, quelle qu'elle soit. La
Cérémonie de la Répartition aura lieu dans quelques minutes en présence de tous les élèves
de l'école. Je vous conseille de profiter du temps qui vous reste avant le début de cette
cérémonie pour soigner votre tenue.

Le regard du professeur s'attarda sur Neville dont la cape était attachée de travers et sur Ron
qui avait toujours une tache sur le nez. D'un geste fébrile, Harry essaya d'aplatir ses cheveux.

—Je reviendrai vous chercher lorsque tout sera prêt, dit le professeur McGonagall. Attendez-
moi en silence.

Elle quitta la salle. Harry avait la gorge serrée.

—Comment font-ils pour nous sélectionner ? demanda-t-il à Ron.

—J'imagine qu'ils vont nous faire passer des tests. Fred m'a dit que ça faisait très mal, mais
je crois que c'était pour rire.




Harry eut un haut-le-corps. Des tests ? Devant tout le monde ? Alors qu'il ne savait pas faire
le moindre tour de magie ? Il regarda autour de lui: les autres élèves avaient l'air terrifié, eux
aussi. Personne ne disait grand-chose, à part Hermione Granger qui chuchotait à toute
vitesse qu'elle avait appris par cœur tous les sorts possibles et qu'elle se demandait bien
lequel il faudrait jeter. Harry s'efforça de ne pas écouter ce qu'elle disait. Jamais il n'avait
ressenti une telle appréhension, même le jour où il avait dû rapporter à la maison son carnet
scolaire dans lequel il était expliqué que la perruque d'un de ses professeurs avait
mystérieusement pris une couleur bleu vif et qu'on le soupçonnait d'y être pour quelque chose.
Il gardait les yeux fixés sur la porte. A tout moment, maintenant, le professeur McGonagall
allait entrer et l'emmener vers son destin fatal.

Tout à coup, des cris s'élevèrent derrière Harry. Il se retourna et resta bouche bée, comme les
autres. Une vingtaine de fantômes venait d'apparaître en traversant le mur du fond. D'un
blanc nacré, légèrement transparents, ils flottaient à travers la salle sans accorder un regard
aux élèves rassemblés. Ils paraissaient se disputer. L'un d'eux, qui ressemblait à un petit
moine gras, lança:

—Oublions et pardonnons. Nous devrions lui donner une deuxième chance.

—Mon cher Frère, n'avons-nous pas donné à Peeves toutes les chances qu'il méritait ?
répondit un autre spectre, vêtu de hauts-de-chausse et le cou entouré d'une fraise. Il nous fait
une horrible réputation alors que lui-même n'est pas véritablement un fantôme. Tiens, qu'est-
ce qu'ils font ici, ceux-là ?

Il venait de remarquer la présence des première année qui se gardèrent bien de prononcer le
moindre mot.

—Ce sont les nouveaux élèves, dit le gros moine en leur souriant. Vous attendez la
Répartition, j'imagine ?

Quelques élèves hochèrent la tête en silence.

—J'espère vous voir à Poufsouffle, dit le moine. C'était ma maison, dans le temps.

—Allons-y, maintenant, dit une voix brusque. La cérémonie va commencer.

Le professeur McGonagall était revenue. Un par un, les fantômes quittèrent la salle en
traversant le mur opposé.

—Mettez-vous en rang et suivez-moi, dit le professeur aux élèves.

Harry éprouvait une sensation bizarre, comme si ses jambes s'étaient soudain changées en
plomb. Il se glissa entre Ron et un garçon aux cheveux blonds et la file des élèves quitta la
salle, traversa à nouveau le hall, puis franchit une double porte qui ouvrait sur la Grande
Salle.

L'endroit était étrange et magnifique. Des milliers de chandelles suspendues dans les airs
éclairaient quatre longues tables autour desquelles les autres étudiants étaient déjà assis,
devant des assiettes et des gobelets d'or. Au bout de la salle, les professeurs avaient pris place
autour d'une autre table.




Le professeur McGonagall aligna les première année face à leurs camarades derrière
lesquels se tenaient les professeurs. Dans la clarté incertaine des chandelles, les visages les
observaient telles des lanternes aux lueurs pâles. Dispersés parmi les étudiants, les fantômes
brillaient comme des panaches de brume argentée. Gêné par les regards fixés sur les
nouveaux, Harry leva la tête vers un plafond d'un noir de velours, parsemé d'étoiles.

—C'est un plafond magique, murmura Hermione. Il a été fait exprès pour ressembler au ciel.
Je l'ai lu dans L'Histoire de Poudlard.

On avait du mal à croire qu'il existait un plafond. On avait plutôt l'impression que la salle
était à ciel ouvert.

Harry regarda à nouveau ce qui se passait devant lui lorsque le professeur McGonagall
installa un tabouret à quatre pieds devant les nouveaux élèves. Sur le tabouret, elle posa un
chapeau pointu de sorcier. Le chapeau était râpé, sale, rapiécé. La tante Pétunia n'en aurait
jamais voulu chez elle.

Peut-être allait-on leur demander d'en faire sortir un lapin ? pensa Harry. Tout le monde, à
présent, avait les yeux fixés sur le chapeau pointu. Pendant quelques instants, il régna un
silence total. Puis, tout à coup. le chapeau remua. Une déchirure, tout près du bord, s'ouvrit
en grand, comme une bouche, et le chapeau se mit à chanter:





Je n'suis pas d'une beauté suprême
Mais faut pas s'fier à ce qu'on voit
Je veux bien me manger moi-même
Si vous trouvez plus malin qu'moi
Les hauts-d'forme, les chapeaux splendides
Font pâl'figure auprès de moi
Car à Poudlard, quand je décide,
Chacun se soumet à mon choix.
Rien ne m'échapp'rien ne m'arrête
Le Choixpeau a toujours raison
Mettez-moi donc sur votre tête
Pour connaître votre maison.
Si vous allez à Gryffondor
Vous rejoindrez les courageux,
Les plus hardis et les plus forts
Sont rassemblés en ce haut lieu.
Si à Poufsouffle vous allez,
Comme eux vous s'rez juste et loyal
Ceux de Poufsouffle aiment travailler
Et leur patience est proverbiale.
Si vous êtes sage et réfléchi
Serdaigle vous accueillera peut-être
Là-bas, ce sont des érudits
Qui ont envie de tout connaître.
Vous finirez à Serpentard
Si vous êtes plutôt malin,
Car ceux-là sont de vrais roublards
Qui parviennent toujours à leurs fins.
Sur ta tête pose-moi un instant
Et n'aie pas peur, reste serein
Tu seras en de bonnes mains




Car je suis un chapeau pensant !



Lorsqu'il eut terminé sa chanson, des applaudissements éclatèrent dans toute la salle. Le
chapeau s'inclina pour saluer les quatre tables, puis il s'immobilisa à nouveau.

—Alors, il suffit de porter le chapeau ! murmura Ron à l'oreille de Harry. Fred m'avait parlé
d'un combat avec un troll... J'ai bien envie d'aller lui casser la figure !

Harry eut un faible sourire. Essayer un chapeau valait beaucoup mieux que d'être obligé de
jeter un sort, mais il aurait préféré ne pas avoir à le faire devant tout le monde. Le chapeau
l'impressionnait et Harry ne se sentait plus le moindre courage. S'il avait existé une maison
pour les élèves au bord de la nausée, il y serait allé tout de suite.

Le professeur McGonagall s'avança en tenant à la main un long rouleau de parchemin.

—Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez
sur le tabouret. Je commence: Abbot, Hannah !

Une fille au teint rose avec des nattes blondes sortit du rang d'un pas mal assuré. Elle alla
mettre le chapeau qui lui tomba devant les yeux et s'assit sur le tabouret.

—POUFSOUFFLE ! cria le chapeau après un instant de silence.

Des acclamations et des applaudissements s'élevèrent de la table située à droite et Hannah
alla s'y asseoir, parmi les autres étudiants de Poufsouffle. Harry vit le fantôme du moine gras
lui faire de grands signes enthousiastes.

—Bones, Susan !

—POUFSOUFFLE ! cria à nouveau le chapeau.

Susan se hâta d'aller s'asseoir à côté d'Hannah.

—Boot, Terry ! appela le professeur McGonagall.

—SERDAIGLE ! cria le chapeau.

Cette fois, les applaudissements s'élevèrent de la deuxième table à gauche. Des élèves de
Serdaigle accueillirent Terry en lui serrant la main.

Brocklehurst, Mandy fut également envoyée à Serdaigle. Brown, Lavande fut la première à se
retrouver à Gryffondor. Une ovation monta de la table située à l'extrême gauche. Les
jumeaux se mirent à siffler d'un air joyeux pour saluer son arrivée.

Bulstrode, Millicent fut envoyée à Serpentard. Peut-être était-ce dû à son imagination, après
tout ce qu'on lui avait dit sur eux, mais Harry éprouva une impression désagréable en
regardant les élèves de Serpentard.




Il commençait vraiment à avoir la nausée, maintenant. Il se souvenait des séances pendant
lesquelles on composait les équipes sportives dans son ancienne école. Il était toujours le
dernier à être choisi, non parce qu'il était le plus mauvais, mais parce que personne ne
voulait prendre le risque de lui manifester la moindre sympathie en présence de Dudley.

—Finch-Fletchey, Justin !

—POUFSOUFFLE !

Plusieurs élèves furent ainsi répartis dans les différentes maisons. Harry remarqua que le
chapeau prenait parfois le temps de la réflexion avant de se décider.

—Granger, Hermione !

Hermione courut presque jusqu'au tabouret et enfonça frénétiquement le chapeau sur sa tête.

—GRYFFONDOR ! cria le chapeau.

Ron émit un grognement.

Harry eut soudain une de ces horribles pensées qui accompagnent généralement les états de
panique. Et s'il n'était pas choisi du tout ? S'il restait là avec le Choixpeau sur la tête sans
que rien ne se passe et que le professeur McGonagall finisse par lui annoncer qu'il y avait
une erreur et qu'il devait rentrer chez lui par le prochain train ?

Lorsque Neville Londubat, le garçon qui ne cessait de perdre son crapaud, fut appelé, il
trébucha et tomba en s'approchant du tabouret. Le Choixpeau mit longtemps à se décider.
Enfin, il cria: « GRYFFONDOR. » Neville se précipita aussitôt vers ses camarades sans
enlever le chapeau de sa tête et dut revenir le donner à MacDougal, Morag, sous les éclats de
rire.

Lorsque son nom fut appelé, Malefoy s'avança d'un pas conquérant vers le tabouret. Dès qu'il
lui eut frôlé la tête, le chapeau s'écria:

SERPENTARD !

La mine satisfaite, Malefoy alla rejoindre ses amis Crabbe et Goyle qui avaient été envoyés à
Serpentard, eux aussi.  Harry ne savait pas si c'était un effet de son imagination, mais en tout
cas, il trouva que les élèves de Serpentard n'avait pas l'air très sympathique.

Il ne restait plus grand monde dans la file des nouveaux.

—Moon... Nott... Le professeur McGonagall appela les noms qui commençaient par « P ».
Parkinson... les jumelles Patil... Perks, Sally-Anne... et, enfin...

—Harry Potter !

Lorsque Harry sortit du rang, des murmures s'élevèrent dans toute la salle.

—Elle a bien dit Potter ?




—Le Harry Potter ?

Avant que le chapeau lui tombe devant les yeux en le plongeant dans le noir absolu, Harry eut
le temps de voir les têtes qui se tendaient pour mieux le regarder.

—Hum, ce n'est pas facile, dit une petite voix à son oreille. C'est même très difficile. Je vois
beaucoup de courage. Des qualités intellectuelles, également, Il y a du talent et... ho ! ho !
mon garçon, tu es avide de faire tes preuves, voilà qui est intéressant... Voyons, où vais-je te
mettre ?

Harry crispa les doigts sur les bords du tabouret. « Pas à Serpentard, pas à Serpentard »,
pensa-t-il avec force.

—Pas à Serpentard ? dit la petite voix. Tu es sûr ? Tu as d'immenses qualités, sais-tu ? Je le
vois dans ta tête et Serpentard t'aiderait singulièrement sur le chemin de la grandeur, ça ne
fait aucun doute. Alors ? Non ? Vraiment ? Très bien, si tu es sûr de toi, il vaut mieux
t'envoyer à... GRYFFONDOR !

Harry entendit le dernier mot résonner dans la Grande Salle. Il ôta le chapeau et se dirigea,
les jambes tremblantes, vers la table des Gryffondor. Soulagé d'avoir échappé à Serpentard,
il remarqua à peine qu'on lui réservait la plus longue et la plus bruyante ovation de la soirée.
Percy le Préfet se leva et lui serra vigoureusement la main tandis que les jumeaux Weasley
scandaient:

—Potter avec nous ! Potter avec nous !

Harry s'assit face au fantôme qui portait une fraise autour du cou. Le spectre lui tapota
amicalement le bras et Harry eut soudain l'horrible impression d'avoir plongé la main
jusqu'au coude dans un seau d'eau glacée.

A présent, il voyait distinctement la Grande Table des professeurs. Hagrid, qui était assis à
l'une des extrémités, lui fit un clin d'œil en levant le pouce. Harry lui sourit. Au centre de la
table, trônait dans un large fauteuil d'or massif Albus Dumbledore en personne. Harry le
reconnut immédiatement, grâce à la carte qu'il avait trouvée dans le Chocogrenouille. La
chevelure argentée de Dumbledore brillait avec autant d'éclat que les fantômes. Harry
reconnut également le professeur Quirrell, le jeune homme émotif qu'il avait rencontré au
Chaudron Baveur. Il portait un grand turban violet qui lui donnait un air bizarre.

Il ne restait plus que trois élèves à répartir. Turpin, Lisa fut envoyée à Serdaigle, puis ce fut
le tour de Ron. Il avait le teint verdâtre et Harry croisa les doigts sous la table. Un instant
plus tard, le chapeau annonça:

—GRYFFONDOR !

Harry applaudit bruyamment avec les autres tandis que Ron se laissait tomber sur une chaise
à côté de lui.

—Bravo, Ron, très bien vraiment, dit Percy d'un ton pompeux tandis que Zabini, Blaise, était
envoyé à Serpentard.




Lorsque tous les élèves eurent été répartis, le professeur McGonagall roula son parchemin et
emporta le Choixpeau. Harry contempla alors son assiette d'or désespérément vide et se
rendit compte à quel point il était affamé.

Albus Dumbledore s'était levé, le visage rayonnant, les bras largement ouverts. On aurait dit
que rien ne pouvait lui faire davantage plaisir que de voir tous les élèves rassemblés devant
lui.

—Bienvenue, dit-il. Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard. Avant que le
banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. Les voici: Nigaud ! Grasdouble !
Bizarre ! Pinçon ! Je vous remercie !

Et il se rassit tandis que tout le monde applaudissait avec des cris de joie. Harry se demanda
s'il fallait rire ou pas.

—Il est... un peu fou, non ? demanda-t-il timidement à Percy.

—Fou ? dit Percy d'un ton léger. C'est un génie ! Le plus grand sorcier du monde ! Mais c'est
vrai, il est un peu fou. Tu veux des pommes de terre ?

Harry resta bouche bée. Les plats disposés sur la table débordaient à présent de victuailles:
roast-beef, poulet, côtelettes de porc et d'agneau, saucisses, lard, steaks, gratin, pommes de
terres sautées, frites, légumes divers, sauces onctueuses, ketchup et, il ne savait pour quelle
raison, des bonbons à la menthe. Les Dursley n'avaient jamais privé Harry de nourriture,
mais il n'avait pas vraiment le droit de manger à sa faim. Dudley se précipitait toujours le
premier sur ce que Harry aimait le mieux, même si cela le rendait malade. Harry remplit son
assiette d'un peu de tout, sauf de bonbons à la menthe, et se mit à manger avec appétit. Tout
était délicieux.

—Tout ça me paraît bien appétissant, soupira le fantôme à fraise en regardant Harry
trancher son steak. Il y a presque quatre cents ans maintenant que je n'ai plus rien mangé. Je
n'en ai pas besoin, bien sûr, mais ça me manque... Au fait, je ne me suis pas présenté: Sir
Nicholas de Mimsy Porpington, pour vous servir. Fantôme résident à la tour de Gryffondor.

—Je vous connais, s'exclama Ron. Mes frères m'ont parlé de vous. C'est bien vous, Nick
Quasi-Sans-Tête ?

—Je préfère que l'on m'appelle Sir Nicholas de Mimsy, dit le fantôme d'un air pincé.

—Quasi-Sans-Tête ? l'interrompit Seamus Finnigan, le garçon aux cheveux blonds. Comment
peut-on être quasi sans tête ?

Sir Nicholas sembla offensé. Visiblement, la conversation ne se déroulait pas selon ses vœux.

—Comme ceci, dit-il d'une voix agacée.

Il prit son oreille gauche entre deux doigts et la tira vers le haut. Sa tête bascula alors vers la
droite et tomba sur son épaule comme si elle était rattachée à son cou par une charnière.
Apparemment, quelqu'un avait essayé de le décapiter, sans réussir à terminer le travail.




Satisfait de voir les regards ébahis des nouveaux élèves, Quasi-Sans-Tête remit son chef en
place.

—Alors, les nouveaux Gryffondor, dit-il, j'espère que vous allez nous aider à gagner la coupe
des Quatre Maisons, cette année ? Il y a tellement longtemps que Gryffondor ne l'a pas
obtenue ! Les Serpentard l'ont remportée six fois de suite ! Le Baron Sanglant en est devenu
insupportable de prétention. C'est lui, le fantôme des Serpentard.

Harry jeta un coup d'œil à la table des Serpentard et aperçut un horrible fantôme, les yeux
vides, le visage émacié, les vêtements maculés de taches de sang aux reflets d'argent. Il était
assis à côté de Malefoy qui, à la grande satisfaction de Harry, n'avait pas l'air enchanté
d'occuper cette place.

—Comment a-t-il fait pour être couvert de sang ? demanda avec grand intérêt Seamus
Finnigan, le garçon blond.

—Je ne le lui ai jamais demandé, répondit Quasi-Sans-Tête avec délicatesse.

Lorsque tout le monde se fut bien rempli l'estomac, ce qui restait dans les plats disparut peu à
peu et la vaisselle devint étincelante de propreté. Ce fut alors le moment du dessert: crèmes
glacées à tous les parfums possibles, tartes aux pommes, éclairs au chocolat, beignets, babas,
fraises, gâteau de riz.

Harry se servit. Tandis qu'il prenait un morceau de tarte à la mélasse, les autres se mirent à
parler de leurs familles.

—Moi, je suis moitié-moitié, expliqua Seamus. Mon père est un Moldu et ma mère a attendu
qu'ils soient mariés pour lui dire qu'elle était une sorcière. Ça lui a fait un choc.

Tout le monde éclata de rire.

—Et toi, Neville ? demanda Ron.

—C'est ma grand-mère qui m'a élevé et c'est une sorcière, répondit Neville. Mais pendant des
années, la famille a cru que j'étais un Moldu. Algie, mon grand-oncle, essayait toujours de me
prendre par surprise pour voir s'il y avait un peu de magie en moi. Un jour, il m'a poussé
dans l'eau, au bout de la jetée de Blackpool et j'ai failli me noyer. Jusqu'à l'âge de huit ans, je
n'avais montré aucun don pour la magie. Et puis, un jour, mon grand-oncle qui était venu
prendre le thé à la maison m'a pris par les chevilles et s'est amusé à me pendre par une
fenêtre du premier étage. Ma grand-tante Enid est venue lui apporter une meringue et il m'a
lâché sans le faire exprès. Mais au lieu de tomber normalement, j'ai rebondi dans le jardin
jusque sur la route et tout le monde était ravi. Ma grand-mère pleurait de joie. Et je ne les
avais jamais vus aussi heureux quand j'ai été appelé à Poudlard. Ils avaient eu peur que je ne
sois pas assez doué pour qu'on m'accepte à l'école. Mon grand-oncle Algie était tellement
content qu'il m'a acheté un crapaud.

Assis de l'autre côté de Harry, Percy Weasley et Hermione parlaient des cours.




—J'espère qu'ils vont tout de suite commencer, dit Hermione, il y a tellement de choses à
apprendre. Ce qui m'intéresse le plus, c'est la métamorphose. Ça doit être passionnant de
transformer quelque chose en quelque chose d'autre. Bien sûr, il parait que c'est très difficile.

—Il faudra commencer avec de petits objets, par exemple changer une allumette en aiguille...
expliqua Percy.

Harry se sentait parfaitement à l'aise, à présent. Il jeta à nouveau un coup d'œil à la Grande
Table. Hagrid vidait son gobelet, le professeur McGonagall bavardait avec Albus
Dumbledore et le professeur Quirrell, avec son turban ridicule, parlait à l'un de ses
collègues, un homme aux cheveux noirs et gras, le nez crochu, le teint cireux.

Tout se passa en un éclair. Le professeur au nez crochu regarda Harry dans les yeux et celui-
ci ressentit aussitôt une douleur aiguë, fulgurante, à l'endroit de sa cicatrice.

—Aie ! s'écria Harry en se plaquant une main sur le front.

—Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Percy.

—R... rien...

La douleur avait disparu aussi vite qu'elle était venue. En revanche, Harry n'arrivait pas à
chasser la sensation qu'il avait éprouvée en croisant le regard du professeur—la sensation
que cet homme ne l'aimait vraiment pas.

—Qui c'est, le prof qui parle avec Quirrell ? demanda-t-il à Percy.

—Tu connais déjà Quirrell ? Pas étonnant qu'il ait l'air si nerveux, l'autre, c'est le professeur
Rogue. Il est chargé des cours de potions, mais ça ne lui plaît pas. Tout le monde sait qu'il
essaye de prendre la place de Quirrell. Il en connaît un rayon en magie noire, ce Rogue.

Harry observa longuement le professeur Rogue, mais celui-ci ne tourna plus les yeux vers lui.

Lorsque les desserts eurent à leur tour disparu, Albus Dumbledore se leva à nouveau et le
silence se fit dans la salle.

—Maintenant que nous avons rassasié notre appétit et étanché notre soif, je voudrais encore
dire quelques mots en ce qui concerne le règlement intérieur de l'école. Les première année
doivent savoir qu'il est interdit à tous les élèves sans exception de pénétrer dans la forêt qui
entoure le collège. Certains de nos élèves les plus anciens feraient bien de s'en souvenir.

Dumbledore tourna ses yeux étincelants vers les jumeaux Weasley.

—Mr Rusard, le concierge, m'a également demandé de vous rappeler qu'il est interdit de faire
des tours de magie dans les couloirs entre les cours. La sélection des joueurs de Quidditch se
fera au cours de la deuxième semaine. Ceux qui souhaitent faire partie de l'équipe de leur
maison devront prendre contact avec Madame Bibine. Enfin, je dois vous avertir que cette
année, l'accès au couloir du deuxième étage de l'aile droite est formellement interdit, à moins
que vous teniez absolument à mourir dans d'atroces souffrances.




Harry éclata de rire, mais il ne fut guère imité.

—Il n'est pas sérieux ? murmura-t-il à Percy.

—Je crois que si, répondit Percy en fronçant les sourcils. C'est bizarre, d'habitude, il nous
explique pourquoi on n'a pas le droit d'aller dans certains endroits. La forêt, par exemple, est
remplie de bêtes féroces, tout le monde le sait. Il aurait au moins pu nous le dire à nous, les
préfets.

—Et maintenant, avant d'aller nous coucher, chantons tous ensemble l'hymne du collège !
s'écria Dumbledore,

Harry remarqua que le sourire des autres professeurs s'était soudain figé. Dumbledore donna
un petit coup de baguette magique, comme s'il avait voulu faire partir une mouche posée à
son extrémité, et il s'en échappa un long ruban d'or qui s'éleva au-dessus des tables en se
tortillant pour former les paroles de la chanson.

—Chacun chantera sur son air préféré, dit Dumbledore. Allons-y !

Et toute l'école se mit à hurler:





Poudlard, Poudlard, Pou du Lard du Poudlard,
Apprends-nous ce qu'il faut savoir,
Que l'on soit jeune ou vieux ou chauve
Ou qu'on ait les jambes en guimauve,
On veut avoir la tête bien pleine
Jusqu'à en avoir la migraine
Car pour l'instant c'est du jus d'âne,
Qui mijote dans nos crânes,
Oblige-nous à tout étudier,
Répète-nous c'qu'on a oublié,
Fais de ton mieux, qu'on se surpasse
Jusqu'à c'que nos cerveaux crient grâce.



Tout le monde termina la chanson à des moments différents. Les jumeaux Weasley furent les
derniers à chanter, au rythme de la marche funèbre qu'ils avaient choisie. Dumbledore
marqua la cadence avec sa baguette magique et lorsqu'ils eurent terminé, il fut l'un de ceux
qui applaudirent le plus fort.

—Ah, la musique, dit-il en s'essuyant les yeux. Elle est plus magique que tout ce que nous
pourrons jamais faire dans cette école. Et maintenant, au lit. Allez, tout le monde dehors.

Les nouveaux de Gryffondor suivirent Percy hors de la Grande Salle puis montèrent derrière
lui le grand escalier de marbre. Harry eut à nouveau l'impression d'avoir des jambes de
plomb, mais cette fois, seuls la fatigue et le plantureux repas en étaient la cause. Il avait
tellement sommeil qu'il ne fut même pas surpris de voir les personnages des tableaux
accrochés aux murs des couloirs chuchoter et montrer les élèves du doigt sur leur passage. Il




ne fut pas davantage étonné de voir que Percy les faisait passer par des portes cachées
derrière des tapisseries ou des panneaux coulissants. Ils parcoururent ainsi une distance
interminable avant de s'arrêter brusquement.

Des cannes apparurent soudain devant eux, flottant dans les airs, et se ruèrent sur Percy qui
dut faire un pas de côté pour les éviter.

—C'est Peeves, murmura Percy. Un esprit frappeur. Peeves, montre-toi, dit-il en élevant la
voix.

Pour toute réponse, un bruit grossier résonna dans le couloir.

—Tu veux que j'aille prévenir le Baron Sanglant ? menaça Percy.

Il y eut alors un bruit sec et un petit homme au regard noir et méchant, avec une grande
bouche, se dessina dans les airs. Il avait les jambes croisées et se cramponnait aux cannes.

—Ooooooooh ! lança-t-il en accompagnant son cri d'une sorte de caquètement. Voilà les
petits nouveaux ! On va bien s'amuser !

Il fondit alors sur eux, obligeant les élèves à se baisser.

—Va-t'en, Peeves, sinon, le Baron sera prévenu. Et je ne plaisante pas ! s'exclama Percy.

Peeves tira la langue et disparut en laissant tomber les cannes sur la tête de Neville. Des
armures cliquetèrent sur son passage.

—Il faut faire attention à Peeves, dit Percy en poursuivant son chemin. Le Baron Sanglant est
le seul à qui il obéisse. Même nous, les préfets, il ne nous écoute pas. Voilà, on y est.

Tout au bout du couloir était accroché un tableau qui représentait une très grosse dame vêtue
d'une robe de soie rose.

—Le mot de passe ? demanda-t-elle.

—Caput Draconis, dit Percy et le tableau pivota aussitôt, laissant voir un trou rond découpé
dans le mur.

Ils s'y engouffrèrent un par un et se retrouvèrent dans la salle commune de Gryffondor, une
salle ronde, confortable et accueillante, remplie de gros fauteuils moelleux.

Percy montra aux nouveaux les deux dortoirs qui leur étaient réservés, celui des filles et celui
des garçons. Les garçons montèrent l'escalier en colimaçon qui menait au sommet d'une tour
et trouvèrent des lits à baldaquin avec des rideaux de velours rouge. Leurs valises avaient
déjà été amenées. Trop fatigués pour parler longtemps, ils enfilèrent leur pyjama et se mirent
au lit.

—On mange bien ici, hein ? chuchota Ron à Harry à travers les rideaux. Hé, laisse-moi
tranquille, Croûtard ! Il est en train de ronger mes draps.




Harry voulut répondre, mais il tomba endormi. Peut-être était-ce à cause de son trop copieux
repas qu'il fit un rêve étrange. Il portait le turban du professeur Quirrell et le turban ne
cessait de lui répéter qu'il ferait mieux de se faire transférer à Serpentard, car telle était sa
destinée. Harry répondait qu'il ne voulait pas aller à Serpentard. Le turban devenait alors de
plus en plus lourd. Harry essayait de l'enlever mais il lui serrait douloureusement la tête et il
voyait Malefoy qui riait en le regardant s'escrimer en vain, puis Malefoy prenait l'apparence
de Rogue, le professeur au nez crochu, et son rire devenait de plus en plus sonore, de plus en
plus glacé. Un éclair de lumière verte avait alors jailli et Harry s'était réveille, le corps
tremblant, baigné de sueur.

Il s'était tourné de l'autre côté et s'était rendormi. Le lendemain, lorsqu'il se réveilla, il n'avait
plus aucun souvenir du rêve.

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